Indicateurs statistiques

Coefficient de Gini

En Wallonie, le coefficient de Gini valait 0,246 selon l’enquête SILC 2023 (revenus de 2022), ce qui en fait une des régions les plus égalitaires d’Europe par rapport aux revenus

 

Le coefficient de Gini est une mesure synthétique des inégalités de revenu au sein d’une population. Il varie de 0, quand l’égalité est totale (c’est-à-dire que tous les revenus sont égaux), à 1 quand l’inégalité est maximale (quand la totalité des revenus est perçue par un seul individu). Il peut aussi s’interpréter comme l’écart moyen de revenu (exprimé en fonction du revenu moyen) entre deux individus tirés au hasard. Cela veut dire qu’en Wallonie, si l’on prend deux personnes au hasard, en moyenne, leur différence de revenu équivaudra à environ un quart du revenu moyen wallon. Dans cette fiche, le coefficient de Gini est calculé à partir du revenu équivalent mesuré avec l’enquête SILC. Les revenus y sont mesurés pour la totalité de l’année civile précédant l’enquête – par souci de fiabilité et pour neutraliser les variations temporaires. L’année indiquée dans les graphiques est celle d’enquête et non celle de perception des revenus. Suite à une importante réforme de l’enquête en 2019 (révision de la pondération, recours à des données administratives pour mesurer certains revenus et modification du questionnaire) les comparaisons avec les années antérieures doivent être interprétées prudemment.

Étant donné que ce coefficient est mesuré à l’aide d’une enquête, les intervalles de confiance sont nécessaires pour rendre compte des imprécisions statistiques découlant du processus d’échantillonnage. Dans 19 cas sur 20, la « vraie » valeur du coefficient de Gini se situe à l’intérieur des marges indiquées sur le graphique. Ainsi, on peut affirmer avec 95 % de certitude qu’en Wallonie sur base de SILC 2023 (revenus de 2022), le coefficient de Gini se situait entre 0,225 et 0,267. Ces chiffres montrent que l’ampleur des inégalités de revenus en Wallonie est très faible par rapport à la situation observée dans la plupart des autres pays européens. On peut expliquer cette situation favorable en raison de notre modèle social qui combine une sécurité sociale relativement bien développée et un marché du travail plutôt bien encadré, notamment par les partenaires sociaux.

 

Le coefficient de Gini en Belgique est remarquablement stable. La Wallonie et la Flandre sont toutes deux des régions très égalitaires, contrairement à Bruxelles qui est très inégalitaire. La situation bruxelloise peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’une ville-région qui, sur le plan géographique, est très polarisée. Les valeurs très élevées de 2005 et 2006, et les larges intervalles de confiance qui les accompagnent, s’expliquent par la présence d’un revenu extrêmement élevé ces années-là. La légère différence entre la Wallonie et la Flandre renvoie aussi à des inégalités d’ordre géographique plus importantes en Wallonie, notamment entre les bassins industriels du Hainaut et de Liège et les provinces plus riches du Brabant wallon, de Namur et de Luxembourg.


Définitions et sources

Les données utilisées pour calculer ce taux proviennent de SILC, une enquête annuelle réalisée par Statbel (et supervisée par Eurostat) largement utilisée pour quantifier la pauvreté, les inégalités de revenu et les conditions de vie en Europe.

Ici, l’idée est d’appréhender le niveau de vie des individus à travers le revenu du ménage. Pour cela, tous les revenus nets sont pris en compte : revenus du travail, transferts sociaux, revenus du patrimoine (dividendes, intérêts, loyers perçus, etc.), transferts entre ménages comme les pensions alimentaires… En supposant que les personnes qui vivent ensemble partagent un même niveau de vie, ces revenus nets sont totalisés au niveau du ménage. Le revenu du ménage est ensuite pondéré selon des conventions internationales pour tenir compte des économies d’échelles (un ménage de deux personnes n’a pas besoin d’autant d’argent que deux ménages d’une personne). Pour chaque individu, on obtient ainsi le revenu équivalent de son ménage – indicateur de son niveau de vie, sur base duquel on calcule le coefficient de Gini.


Pertinence et limites

L’intérêt principal du Gini, outre son caractère synthétique, est de toujours considérer qu’une société qui redistribue plus les richesses est plus égalitaire. Concrètement, si, dans une population, on transfère une partie du revenu d’un individu riche vers un individu pauvre le coefficient de Gini va toujours baisser – ce qui n’est pas le cas de tous les autres indicateurs d’inégalité. Contrairement au taux de risque de pauvreté, il n’y a aucun problème à comparer le coefficient de Gini wallon à ceux des autres pays européens.

Il présente néanmoins deux principales limites. D’une part, il ne mesure que les inégalités de revenus : les inégalités d’accès aux services publics (santé, éducation…) et les inégalités de patrimoine (tout ce que les personnes possèdent : logements, immeubles, entreprises, actions, prêts, comptes en banque, etc.) ne sont pas prises en compte. D’autre part, les très pauvres et les très riches ne sont pas bien pris en compte par cet indicateur. Les très pauvres ne font pas partie de l’échantillon de SILC. Les très riches sont mal pris en compte par les enquêtes parce qu’ils sont peu nombreux – même s’ils captent une proportion importante des revenus.

Responsable(s) : Ghesquiere François

Pour en savoir plus:

https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Glossary:Gini_coefficient

Prochaine mise à  jour : mars 2025


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