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EU survey on gender-based violence against women and other forms of inter-personal violence (EU-GBV)

Sigle: EU-GBV

Titre : EU survey on gender-based violence against women and other forms of inter-personal violence

Année : 2020-2023 (Wave 1)

Commanditaire: EUROSTAT https://ec.europa.eu/eurostat

 

Répondre aux exigences de la Convention d’Istanbul

La Convention d’Istanbul, entrée en vigueur en 2014 et ratifiée par la Belgique en 2016, définit un socle commun d’intervention pour lutter contre les violences faites aux femmes. L’article 11 prévoit notamment la production de statistiques et d’études permettant de (mieux) quantifier le phénomène et de définir des réponses effectives et efficaces pour lutter contre ces formes de violence, favorisant ainsi la mise en œuvre d’une evidence-based policy. L’enquête EU-GBV s’inscrit directement dans cet objectif.

Un besoin criant de nouvelles données

Au niveau européen, l’enquête la plus récente portant sur les violences à l’égard des femmes fut réalisée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) en 2012. En Belgique, 1.537 femmes furent interrogées, avec un taux de réponse de 34%.

En Belgique, au tournant du siècle passé, deux études de grande échelle portant sur la prévalence de la violence exercée à l’encontre des femmes (et des hommes) avaient été menées en 1988 et en 1998. En 2008, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH) a fait réaliser une nouvelle étude d’ampleur sur la survenance, l’expérience et le recours à la violence physique, sexuelle et psychologique. Depuis, des événements tels que le mouvement #metoo ou les confinements stricts imposés dans la cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19 ont mis la problématique des violences de genre au centre du débat public. Dix ans après l’enquête commanditée par l’IEFH, le besoin de données nouvelles pour éclairer les Plans d’action était donc particulièrement criant.

La mise en œuvre au niveau belge : le fruit d’une collaboration interfédérale

En 2019, STATBEL et les trois autorités statistiques régionales (IBSA, VSA, IWEPS) ont conclu un Service Level Agreement (SLA) d’une durée d’un an dans le cadre du programme statistique intégré de l’Institut Interfédéral de Statistique (IIS) afin d’élaborer une collaboration organisationnelle et financière permettant la mise en œuvre de l’enquête en Belgique. L’IEFH est associé de près à la démarche. Au cours de cette première année, un accord fut trouvé sur un modèle de financement permettant la mise en œuvre de l’enquête, une planification du projet spécifiant l’implication de toutes les parties prenantes, que ce soit en termes de mise à disposition de personnel, d’expertise ou de moyens financiers, et un accord formel engageant les différents niveaux de pouvoir permettant de garantir la réalisation de cette enquête. Ce SLA fut renouvelé en 2021 et 2022 afin d’organiser l’enquête et de traiter les résultats. Cette collaboration interfédérale prendra fin début 2024, avec la publication d’un rapport commun.

Méthodologie et comparabilité

L’enquête EU-GBV a été mise en œuvre dans 18 états membres de l’Union européenne (UE) (Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Danemark, Estonie, Finlande, France, Grèce, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne) et 5 états non-membres de l’UE (Islande, Monténégro, Serbie, Macédoine du Nord, Kosovo).

À ce stade, l’enquête n’est pas obligatoire pour les États et se fait donc sur base volontaire. Le même questionnaire et la même méthodologie ont été utilisés par les États participant à l’enquête afin de maximiser la qualité et la comparabilité des données.

En Belgique, la récolte des données s’est faite en deux phases selon deux méthodes différentes. La première a débuté en juillet 2021 et reposait sur une méthodologie de type CAWI (Computer Assisted Web Interviews). Elle a permis de récolter des données sur 4.304 individus. La seconde phase a débuté en octobre 2021 et reposait officiellement sur une méthodologie de type CAPI (Computer Assisted Personal Interviews). Ce travail a permis aux enquêteurs de relancer les potentiel·les répondant·es sur base de l’invitation reçue pour des interviews en ligne. Ainsi, un certain nombre d’interviews ont été réalisées selon la méthodologie CAWI dans cette seconde phase également. Un nombre de 1.451 interviews ont été réalisées au cours de cette seconde phase qui s’est achevée en août 2022. In fine, 5.755 individus ont répondu à l’enquête entre juillet 2021 et août 2022.

La structure de l’enquête

L’enquête porte sur les violences basées sur le genre, en ce compris les violences domestiques et violences interpersonnelles de manière générale. Le descriptif des différentes variables est repris dans le codebook fourni par Eurostat, disponible ici : https://ec.europa.eu/eurostat/web/products-manuals-and-guidelines/-/ks-gq-21-009.

5 types de violences sont abordés :

  • Le harcèlement sexuel au travail
  • Le harcèlement (stalking)
  • La violence psychologique (en ce compris la violence économique, ne portant que sur le(s) partenaire(s) intime(s))
  • La violence physique
  • La violence sexuelle

Le questionnaire comporte également des questions portant plus spécifiquement sur les violences subies ou vécues dans l’enfance en tant que victime ou témoin. Ceci inclut la violence physique ou sexuelle d’un ou des parents et la violence observée entre les parents. Un ensemble de questions porte sur le statut socio-économique des répondant·es, permettant notamment de déterminer leur degré de (in)dépendance sociale ou économique.

Pour chaque type de violence, un ensemble de comportements constitutifs sont proposés au/à la répondant·e. C’est à partir de ces comportements qu’est induite l’expérience de faits de violence par le/la répondant·e. À ces comportements est liée une liste d’agresseurs·ses potentiel·les. Des questions portant sur le contexte de ces violences ont également été posées, permettant de quantifier et de contextualiser celles-ci. Il s’agit notamment de questions relatives à l’occurrence, la durée et la fréquence des épisodes de violence vécus, ou encore aux mécanismes de défense mis en place durant le(s) épisode(s) de violence. Un ensemble de questions concerne plus spécifiquement le dernier épisode de violence vécu, lorsque celui-ci fait partie d’un ensemble d’épisodes. Les conséquences de ces violences sont également abordées. Celles-ci incluent notamment les conséquences psychologiques (santé mentale), physiques, l’impact sur la vie privée (enfants, rupture…) et sur la vie professionnelle (time off…). Des questions plus spécifiques sur le reporting fait par le/la répondant·e de ces épisodes de violence sont posées et, en cas de plainte déposée à la police, des questions sur la satisfaction relative au travail policier sont également posées. Ceci ne concerne néanmoins pas tous les types de violence. Un exposé non-exhaustif de la structure de l’enquête est présenté dans le Tableau 1. Enfin, en Belgique, nous avons fait le choix d’intégrer des questions relatives à l’expérience du premier confinement lors de la crise du COVID-19. La base de données finale comprend plus de 950 variables.