Mondes vécus et systèmes. Recueil et analyse de témoignages de personnes exclues des allocations d’insertion
Rapport de Recherche N°20
Le premier janvier 2012 entre en vigueur la réforme du chômage sur la base des études : auparavant illimité dans le temps, le droit aux allocations d’insertion est limité à une période de 3 ans[1]. Les premières conséquences de cette réforme se font sentir trois ans plus tard : en janvier 2015, le compteur marque 36 mois pour 17 000 chômeurs, qui sortent en conséquence de la statistique du chômage indemnisé sur la base des études.
Ce phénomène est inédit : le motif de sortie du chômage n’est pas l’insertion dans un emploi, une sortie volontaire du marché du travail, ou une sanction : c’est un changement de réglementation. L’objectif de cette recherche est donc de fournir des éléments de réponses aux nombreuses questions soulevées par cet accent nouveau de la politique d’activation des chômeurs. Notamment : comment les personnes concernées ont-elles intégré l’information du changement réglementaire dans la construction de leur parcours ? Quelles stratégies ont-elles adoptées une fois échu le droit aux allocations d’insertion?
Pour répondre à ces questions, nous sommes allés à la rencontre de personnes ayant perdu leur droit aux allocations d’insertion, et avons recueilli leur témoignage au cours d’entretiens compréhensifs. L’analyse de ces entretiens est structurée en trois parties. La première partie est consacrée à une analyse des parcours individuels sous-tendue par deux questions : comment les personnes interrogées expliquent-elles leur mainien dans le chômage sur la base des études? De quelle manière la fin de droit a-t-elle infléchi leur parcours professionnel?
La deuxième partie interroge la manière dont les personnes font face à cette exclusion : comment les personnes exclues des allocations d’insertion négocient-elles leur rapport à soi et aux autres, dans sa dimension matérielle et symbolique ? Dans un premier temps, nous analysons la signification de la perte du statut de chômeur indemnisé sur la base des études. Nous examinons ensuite la dynamique identitaire qui en résulte et son articulation avec la dimension matérielle de l’exclusion.
La troisième partie s’intéresse aux rapports des personnes exclues à leurs institutions : étant donné le contexte institutionnel, comment les personnes exclues vivent-elles leur rapport aux institutions? Plus précisément, nous cherchons à répondre à deux interrogations : comment les trajectoires et les identités des personnes exclues sont-elles marquées par leur rapport aux institutions? Comment les institutions interviennent-elles comme supports ou contraintes, à la fois habilitantes et incapacitantes?
Des conclusions et pistes de recommandations clôturent cette recherche.
[1] Arrêtés royaux du 28/12/2011, 28/03/2014, 29/06/2014
Langue : fr Format : A4 Prix : Gratuit Nombre de page : 110