Newsletter de l’Institut interfédéral de Statistique N°7
À l’aube de cette nouvelle législature multiniveaux, il est opportun de rappeler les caractéristiques principales du système statistique belge, de pointer quelques enjeux transversaux à venir au niveau européen et enfin, de revenir sur la raison d’être de la statistique publique au coeur d’un régime démocratique.
Le paysage statistique belge se compose de nombreux acteurs au niveau fédéral. Ainsi, aux côtés de Statbel qui est le représentant de la Belgique auprès des instances européennes et internationales de la statistique (Institut national de statistique – INS), on retrouve d’autres producteurs de statistiques publiques comme le SPF Économie, la Banque nationale de Belgique (BNB), le Bureau fédéral du Plan (BFP), l’INAMI, Sciensano ou encore le service public fédéral Santé publique pour n’en citer que quelques-uns. Au niveau régional, la situation est sensiblement la même car, aux côtés des Autorités statistiques régionales que sont l’Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse (IBSA), l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) et la Vlaamse Statistische Autoriteit (VSA), on retrouve également une série d’institutions publiques productrices de statistiques publiques. À titre d’illustration, l’article de Martine Lefèvre et Nathalie Larbanois (IWEPS) dans cette Newsletter n°7 décrit la manière dont le décret fondateur de l’IWEPS a été modifié pour intégrer tous les principes de la statistique officielle et structurer le futur système statistique wallon qui prévoit la présence « d’autres producteurs de statistiques officielles » à côté de l’autorité statistique wallonne.
Face à cette diversité d’intervenants, il est évidemment essentiel de développer une gouvernance forte fondée sur la collaboration et les échanges d’expériences dans le respect des principes de la statistique européenne. En ce sens, l’Institut interfédéral de statistique est un lieu créé pour que les autorités statistiques compétentes comme Statbel, la BNB, le BFP, l’IBSA, l’IWEPS et le VSA se coordonnent et se soutiennent dans leurs travaux. Il est par ailleurs également important de mettre en œuvre une communication solide à destination des utilisateurs de la statistique publique pour qu’ils et elles, des citoyens aux entreprises privées en passant par le monde associatif, la recherche, les journalistes et les administrations puissent trouver des données et informations utiles, rigoureuses et de confiance relatives à leurs préoccupations.
Ce travail de concertation et de collaboration, comme le montrent Dominique De Baets, Anouk Deceulaer et Olivier Goddeeris (Statbel), doit également s’articuler avec le niveau européen. Ainsi, au cours de la présidence belge, le groupe de travail “Statistiques” du Conseil de l’Union européenne (du 1er janvier au 30 juin 2024) s’est attelé à l’avancement de plusieurs dossiers législatifs concernant les comptes économiques de l’environnement, les statistiques européennes sur la population et le logement, les statistiques européennes du marché du travail de l’Union européenne sur les entreprises, ainsi que des initiatives visant à renforcer la culture statistique chez les jeunes comme la Conférence « Towards a more statistically literate future » qui s’est tenue à Bruges en mai 2024.
L’articulation du système statistique belge avec le niveau européen est également mise en perspective par Faiza Djait (IBSA) qui présente la réglementation européenne visant à faciliter l’accès aux données des entreprises privées par les institutions publiques statistiques sous certaines conditions strictes (Data Act) et ce pour assurer un usage responsable et efficace des données au service de l’intérêt général.
Il en est de même pour le texte de Ann Carton (VSA) qui s’intéresse à l’impact de la stratégie européenne sur les données, le Data Governance Act (DGA) et le Data Act (DA), législations visant à faciliter le partage et l’utilisation des données, ainsi que la création de zones de données européennes communes. Ou encore du texte de Veerle Beyst (VSA), Ludo Vanongeval (Departement Omgeving) et Wouter Van Reeth (INBO) qui traite de la coopération et de l’adaptation constante aux travaux européens notamment en matière de comptabilité environnementale et plus particulièrement des comptes écosystémiques. On l’aura compris, la statistique publique est au cœur d’un réseau de collaborations intenses multiniveaux des régions au niveau européen et international en passant par le fédéral.
Sébastien Brunet
Administrateur général – Chef statisticien
(IWEPS)