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Résumé

Le développement d’une mobilité plus « durable » est un des enjeux majeurs de notre société caractérisée par des ressources naturelles limitées et une population croissante. Alors que la globalisation (notamment économique et culturelle) amène à une standardisation des modes de vies, nos trajectoires individuelles deviennent plus complexes et particulières. Décrire et comprendre les comportements de mobilité des individus est la première étape indispensable pour le développement de politiques de mobilité durables. Il existe une multitude de manières d’étudier ces comportements (enquêtes, données administratives, carnets de déplacements ou, plus récemment, l’essor des big data et le recours aux traces gps). L’objectif du colloque est la mise en perspective des différentes données de mobilité et leurs origines à travers leurs spécificités, limites et complémentarités. Cela se fera sous un angle méthodologique (quelle méthode et pourquoi ? Avec quels (dés)avantages ?) et sous l’angle thématique (que nous apprennent ces sources sur les profils de mobilité ? Les inégalités en mobilité ?…)

Argumentaire

En 2016-2017, l’Institut wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique (l’IWEPS) a mené deux enquêtes sur les comportements de mobilité de la population wallonne (voir le Working paper de présentation des enquêtes). La première, MOBWAL, est une enquête sociologique, réalisée au travers d’entretiens en face-à-face. Elle s’intéresse aux comportements ‘habituels’ et aux stratégies de mobilité des individus. La seconde, GPSWAL, est une enquête sur les déplacements. Elle bénéficie de l’apport des nouvelles technologies liées à la géolocalisation qui permet d’obtenir une plus grande exhaustivité et une précision plus fine dans l’enregistrement des déplacements réalisés au cours d’une période donnée, avec une moindre mobilisation des répondants. En 2018, l’IWEPS consacre sa conférence annuelle aux comportements de mobilité. C’est alors l’occasion de présenter ses enquêtes et leurs premiers résultats mais pas seulement ! L’objectif est également de les placer en perspective avec ce qui a été conçu et ce qui se réalise par ailleurs. De cette manière, nous souhaitons offrir aux participants de la conférence une vision globale et éclairée des questions actuelles ainsi que des enjeux futurs concernant les comportements de mobilité et l’étude scientifique de ceux-ci.

La mobilité est, aujourd’hui plus que jamais, une préoccupation centrale non seulement des citoyens mais également des décideurs politiques et des acteurs économiques.

D’un côté, les besoins en mobilité des individus se multiplient et se complexifient. Les individus voient aujourd’hui leurs pôles d’intérêts et leurs lieux d’activités se multiplier et souvent se disséminer sur le territoire : entre activité(s) professionnelle(s), écoles des enfants, famille à visiter, club de sport ou cours du soir, cinéma entre amis,… La composition familiale et la carrière professionnelle sont plus diversifiées et plus changeantes qu’auparavant. Les familles dissoutes ou recomposées, la dispersion spatiale des lieux de résidence de même que les changements d’emplois plus fréquents diversifient et complexifient, encore plus qu’auparavant, les besoins et contraintes en matière de mobilité.

De l’autre côté, l’offre en infrastructures (les réseaux routier, ferroviaire et fluvial ; les pistes cyclables ; les piétonniers) et en moyens de transports (bus, train, tram, voiture,…) ne peuvent pas se développer à l’infini, ni s’adapter aussi rapidement à cette nouvelle complexité des besoins. Dans un contexte global d’accroissement de la population, de raréfaction des ressources, de réchauffement climatique et de nécessité d’utilisation réfléchie du territoire, il importe de concevoir la mobilité et l’aménagement du territoire dans une perspective de développement durable. Par ailleurs, le développement d’infrastructures et de services de transports publics implique un investissement important qui engage à long terme. Il nécessite une réflexion profonde en amont et sous-tend des choix politiques.

Les décisions de mobilité aux niveaux individuel et sociétal s’entremêlent sans cesse : pour une organisation donnée du territoire et des transports publics, les individus font leurs choix de mobilité en fonction, entre autres, de leur localisation résidentielle, de la localisation des services et infrastructures existants et de leur accessibilité. Les différents plans et autres investissements liés à la mobilité doivent, en principe, tenir compte des besoins des individus qui utilisent ces services et infrastructures. Il est nécessaire de mieux connaître les comportements et les préférences de mobilité des citoyens, de pouvoir dégager, des tendances, des profils, identifier des besoins peu ou mal rencontrés. Ces informations synthétiques pourront servir à informer, orienter et soutenir les décisions publiques en matière de mobilité.

Ainsi, il semble essentiel de décrire et de comprendre les comportements de mobilité des citoyens et leurs logiques d’usage des infrastructures, parcs et services de transports existants. C’est par ce biais qu’il sera dès lors possible d’identifier des leviers d’actions pour aller vers un modèle de mobilité plus durable.

Pourquoi certains privilégient tel mode de transport plutôt qu’un autre ? Quels sont les obstacles objectifs ou subjectifs à l’usage de tel ou tel mode de transport ?…Les réponses à ces questions peuvent servir de point de départ à une réflexion sur les politiques publiques de mobilité à développer pour faire évoluer ces comportements. Connaitre les publics plus sensibles ou réfractaires à ces changements permet de cibler ou d’adapter les politiques pour en augmenter les chances de réussite.

 

Axes thématiques

Les contributions proposées doivent s’inscrire dans l’un ou l’autre des axes thématiques suivants :

1. Données sur la mobilité : une diversité de sources et de ressources
Dans ce premier axe, on s’intéressera à la diversité des sources de données accessibles aujourd’hui aux chercheurs pour nous renseigner sur les comportements de mobilité des individus. Cet axe a une visée descriptive, comparative et critique. Il permet aux chercheurs de venir présenter les sources de données qu’ils exploitent (de manière primaire ou secondaire), de discuter de leurs objectifs, risques et opportunités mais aussi, de leur complémentarité ou filiation avec d’autres sources. Les sources présentées peuvent être tant qualitatives que quantitatives, tant porter sur la Wallonie que sur d’autres espaces en Belgique ou à l’étranger.

Afin de faciliter la comparaison et la discussion entre les sources, les présentations de la séance consacrée à ce premier axe adopteront la même structure : la nature de la source (enquête, données administratives, Big data…), les objectifs de la collecte[1], le type d’échantillon ou de population, le mode d’interrogation, les thématiques abordées ; les difficultés rencontrées sur le terrain et/ou dans l’exploitation des données, les enseignements : « si c’était à refaire… »).

2. Profils et stratégies de mobilité
Le deuxième axe examine les différentes logiques et stratégies de mobilité (Kaufmann, 2013 ; Crozet et al., 2001) : certains préfèrent faire tous leurs trajets à pied ou à vélo, d’autres ne jurent que par la voiture. Pourquoi choisir un mode plutôt qu’un autre : Préférences ou convictions personnelles ? Contraintes familiales, professionnelles, financières, géographiques ? Sentiment d’insécurité à l’usage de certains modes dans certaines conditions (Gillow, 2015) ? Répondre à ces différentes questions permet de mieux comprendre ce qui sous-tend les comportements de mobilité et d’identifier des leviers d’actions pour favoriser une mobilité plus durable et raisonnée.

Lors de la conférence, nous tenterons de quantifier et de qualifier les différents profils, de proposer des typologies et de les relier avec les caractéristiques personnelles et contextuelles des personnes : certains profils sont-ils plus fréquents chez les femmes ? ; les jeunes ? ; les citadins/les ruraux ? ; les familles nombreuses ? Ce pourrait être l’occasion aussi de s’intéresser à la mobilité d’un groupe spécifique (les familles monoparentales, les navetteurs, les personnes âgées…) pour identifier les problématiques de mobilité propres à ces groupes et rendre compte de la manière dont ils s’organisent pour y répondre.

3. Mobilité et inégalités
Le troisième axe part du fait que la mobilité est une ressource centrale dans la société actuelle mais que nous ne sommes pas tous égaux par rapport à celle-ci. Le genre (Gavray, 2008), l’âge (Cornélis, 2014), la situation socio-économique et culturelle (Bornand et al. 2014)… sont certaines des caractéristiques qui peuvent limiter ou moduler notre mobilité. Étudier les inégalités et les comprendre permet ensuite de concevoir des politiques adaptées pour tenter diminuer ces inégalités et promouvoir la mobilité pour tous.

La conférence tentera de montrer comment les inégalités sociales, culturelles, liées au genre,… s’expriment aussi en termes de comportements, de stratégies et de perceptions de la mobilité. C’est également l’occasion de proposer des pistes, de partager des expériences pilotes ou des politiques qui visent à diminuer ces inégalités.

4. Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et Big Data au service de l’étude de la mobilité
Ce dernier axe s’interroge sur l’apport des nouvelles technologies de l’information et des Big data pour l’étude des comportements de mobilité des personnes (De Meersman et al. 2016 ; Debusschere et al. 2016 ; Jones et al., 2016 ; Audard et al., 2014 ; Eurostat, 2014). Les données de géolocalisation (GPS,..) peuvent-elles remplacer les carnets de déplacements papier utilisés dans les enquêtes classiques ? Les données de téléphonie mobile peuvent-elles servir à estimer une population et ses lieux de vie ? Les réponses à ces questions amènent souvent de la nuance. Ces nouvelles sources de données offrent beaucoup de potentialités mais nécessitent d’être bien cadrées et, notamment, par la définition d’un référentiel propre.

Cet axe envisagera de manière critique l’apport actuel des NTIC à l’étude des comportements de mobilité. Quelles sont les particularités de ces nouvelles sources et données ? Quels sont les nouveaux défis générés par celles-ci en termes de traitement, d’interprétation, de visualisation, de confidentialité, de stabilité… ? A quels types de questions peuvent-elles répondre ?

 

Modalités de soumission

Le résumé de la communication doit fournir des indications sur les sources et la méthodologie privilégiées par la recherche. Il ne peut dépasser les 2 000 signes et peut être rédigé en anglais ou en français. Le résumé sera précédé des éléments suivants (hors 2 000 signes) : (1) titre de la communication, (2) nom et prénom des auteur·e·s (3) rattachement institutionnel le cas échéant.

Les propositions de communication peuvent s’inscrire dans un ou plusieurs axes de l’appel.

Une brève présentation des différents profils de contributeurs et contributrices est bienvenue. Des modalités originales de contribution ou de présentation peuvent également être proposées.

Les propositions sont à envoyer au plus tard le 15 avril 2018 à j.juprelle@iweps.be.

Une publication des actes de la conférence est prévue. Les modalités seront transmises ultérieurement.

 

Calendrier détaillé :

  • 15 avril 2018 : Date limite pour le dépôt des résumés par e-mail à l’adresse j.juprelle@iweps.be
  • Avril 2018 : Évaluation/sélection par le comité scientifique
  • 15 mai 2018 : Réponses adressées aux intervenants et canevas pour la rédaction du texte complet en cas d’acceptation.
  • 30 novembre 2018 : Présentation (type power-point) comme support de la présentation.
  • 14 mai 2019 : Conférence à Namur

Comité scientifique

  • Eric Cornélis, docteur en mathématiques, professeur à l’UNamur
  • Claire Gavray, docteure en sociologie, enseignante à ULg
  • Sidartha Gautama, ingénieur et docteur en science de l’ingénierie informatique, professeur dr. ir. à l’UGENT
  • Marie Gilow, doctorante en sociologie de la ville/géographie humaine – ULB
  • Michel Hubert, docteur en sociologie, professeur ordinaire à l’Université Saint-Louis
  • Bruno Schoumaker, docteur en démographie, professeur à l’UCLouvain
  • Chris Tampere, docteur en sciences de l’ingénieur, professeur associé à la KULeuven
  • Julien Juprelle, économiste – attaché scientifique à l’IWEPS
  • Amandine Masuy, docteure en sociologie – attachée scientifique à l’IWEPS
  • Sile O’Dorchai, docteure en économie appliquée – directrice scientifique à l’IWEPS
  • Isabelle Reginster, docteure en géographie – attachée scientifique à l’IWEPS
  • Frédéric Vesentini, docteur en histoire – directeur scientifique à l’IWEPS

 

Références

AUDARD  F., CARPENTIER S., OLIVEAU S. (2014) « Les ‘big data’ sont-elles l’avenir de la géographie (théorique et quantitative) ? » 20e Biennale de géographie d’Avignon – Géopoint 2014 – ‘Controverses et géographies’, Juin 2014, Avignon, France. pp.1-4. Disponible en ligne : http://www.groupe-dupont.org/ColloqueGeopoint/Geopoint14/PositionsDebat.htm (consulté le 12/01/2018).

BORNAND T., CHARLIER J., JUPRELLE J., REGINSTER I. (2014). « L’accès à la mobilité des Wallons : Quel lien avec leurs relations sociales et leurs participations sociales et politiques ? » Dans Cardelli R., Bornand T. et Brunet S. Le baromètre social de la Wallonie : Engagement, confiance, représentation et identité. Louvain-la- Neuve : Presses universitaires. pp. 85-109.

CORNÉLIS, É. (2014). « Les défis de la mobilité des aînés ». Proceedings congrès international ATEC-ITS france 2014 Paris: ATEC-ITS France. Disponible en ligne https://pure.fundp.ac.be/ws/portalfiles/portal/12338995 (consulté le 12/12/2017).

CROZET Y., ORFEUIL J.-P., MASSOT  M.-H. et le ‘Groupe de Batz’ (2001). « Mobilité urbaine : cinq scénarios pour un débat », Notes du Centre de Prospective et de veille Scientifique, n°16. Disponible en ligne : https://hal.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/180275/filename/Notes_du_CPVS_N16.pdf (consulté le 12/01/2018).

DE MEERSMAN F., SEYNAEVE G., DEBUSSCHERE M., LUSYNE P., DEWITTE P., BAEYENS Y., WIRTHMANN A., DEMUNTER C., FERNANDO REIS F. and  REUTER H.I.(2016) « Assessing the Quality of Mobile Phone Data as a Source of Statistics » European Conference on Quality in Official Statistics (Q2016) Madrid, 31 May-3 June 2016. Disponible en ligne : http://www.ine.es/q2016/docs/q2016Final00163.pdf  (consulté le 12/12/2017).

DEBUSSCHERE M., LUSYNE P., DEWITTE P., BAEYENS Y., DE MEERSMAN F., SEYNAEVE G., WIRTHMANN A., DEMUNTER C., REIS F., REUTER H.I. (2016) « Big data et statistiques : un recensement tous les quarts d’heure… » Carrefour de l’Économie, 10 : 38-53. Disponible en ligne : http://economie.fgov.be/fr/binaries/Carrefour_economie_2016_10_tcm326-280315.pdf (consulté le 12/12/2017).

EUROSTAT (2014). « Big data: an opportunity or a threat to official statistics? » Paper prepared for the April 2014 plenary session of the Conference of European Statisticians as part of the seminar entitled What is the value of official statistics and how do we communicate that value? NU/ECE/CES/2014/32. Disponible en ligne : http://www.unece.org/fileadmin/DAM/stats/documents/ece/ces/2014/32-Eurostat-Big_Data.pdf (consulté le 12/01/2018).

GAVRAY C., dir. (2008). Femmes & Mobilités. Marcinelle : Cortext.

GILOW M. (2015). « Déplacement des femmes et sentiment d’insécurité à Bruxelles : perceptions et stratégies ». Brussels Studies, Collection générale, article 87, juin 2015. Disponible en ligne : http://journals.openedition.org/brussels/1274 (consulté le 12/12/2017).

JONES J., CLOQUET C., ADAM A., DECUYPER A. and THOMAS I. (2016) « Belgium through the Lens of Rail Travel Requests: Does Geography Still Matter? » International Journal of Geo-Information 2016,5, 216; doi:10.3390/ijgi5110216.

KAUFMANN V. (2003). « Pratiques modales des déplacements de personnes en milieu urbain : des rationalités d’usage à la cohérence de l’action publique », Revue d’Economie Régionale et Urbaine n°1, p39-59.

 

[1] Certaines données peuvent être collectées pour un autre but que l’étude de la mobilité mais être utilisées de manière secondaire à cette fin (ex. les données de téléphonie mobile…)


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