A l’approche de la « Semaine de la Mobilité » qui aura lieu du 16 au 22 septembre, l’IWEPS (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique) souhaite mettre en lumière un rapport de recherche publié récemment et intitulé « Vers une mobilité active et inclusive en Wallonie : analyse qualitative des pratiques et usages de femmes ». Ce rapport met en évidence les atouts et les freins de la pratique de la marche et du vélo pour les femmes en Wallonie. Il explore ensuite les défis spécifiques auxquels les femmes sont confrontées et il propose enfin diverses pistes de solutions concrètes pour améliorer les conditions de la mobilité active et pour en encourager sa pratique.
Cette recherche s’articule avec les thématiques visées par le « Tableau de bord de la mobilité » et l’« Observatoire de la Mobilité active » (SPW Mobilité Infrastructures), actuellement en cours d’élaboration. Son objectif premier est d’analyser les pratiques et les usages de la mobilité active (marche et vélo), en mettant spécifiquement l’accent sur le point de vue des femmes. Pourquoi les femmes se déplacent-elles à pied ou à vélo ? Pourquoi ne le font-elles pas ? Comment et pourquoi choisissent-elles tel itinéraire plutôt qu’un autre ? Quelles appréhensions, contraintes ou difficultés rencontrées sont déterminantes pour leurs choix d’itinéraires à privilégier ?
Groupes de discussion et balades exploratoires à pied ou à vélo
Pour répondre à ces questions, nos chercheurs et chercheuses ont mis en place une méthodologie qualitative singulière. L’idée était de recueillir des témoignages de femmes se déplaçant déjà (ou pas encore) à pied ou à vélo, afin d’offrir une compréhension approfondie et nuancée des comportements de mobilité et des enjeux associés.
Concrètement, entre octobre et décembre 2023, grâce à la mobilisation de femmes citoyennes wallonnes, 20 groupes de discussion (focus groups), 12 marches exploratoires et 6 parcours à vélo exploratoires ont été menés, répartis sur les territoires de Liège, Namur et Gembloux. Ces territoires ont été sélectionnés sur la base de critères méthodologiques et logistiques.
Les atouts et les freins mis en évidence par les participantes
Les témoignages des participantes ont permis d’identifier à la fois les enjeux communs à la pratique de la marche et du vélo, ainsi que les spécificités propres à chacun de ces modes de déplacement. L’approche visait d’abord à révéler la diversité des thématiques, puis à approfondir ces dernières en fonction des données collectées. Certains atouts, freins ou réalités ont été évoqués par un grand nombre de participantes, et d’autres ont émergé de manière plus marginale.
Les principaux atouts identifiés sont : (1) le plaisir, (2) l’amélioration de la santé physique et mentale, (3) l’action en faveur de l’environnement, (4) l’économie financière, et (5) la maîtrise et le gain de temps. Les principaux freins relevés sont : (1) la dépendance à la voiture, (2) la mauvaise qualité des infrastructures, (3) la confrontation avec les autres usagers et usagères de la voie publique, (4) le harcèlement et l’insécurité, (5) la charge logistique, (6) l’intériorisation des normes en termes d’apparence physique, (7) les nuisances environnementales, (8) la réalité et la perception des enjeux physiques et des compétences, et (9) le coût financier.
Le travail de terrain a également mis en évidence de manière transversale des enjeux de genre
Les témoignages des participantes ont également permis de mettre en évidence des défis particuliers auxquels les femmes sont confrontées en matière de mobilité. Il est vrai que certains freins, comme le mauvais entretien des infrastructures ou la peur du vol de vélos, touchent aussi bien les hommes que les femmes. Mais ils revêtent une importance plus grande pour les femmes et ce, pour diverses raisons. Ces dernières comprennent les responsabilités familiales et domestiques, qui incombent encore principalement aux femmes, leurs perceptions d’elles-mêmes construites socialement, ainsi que le harcèlement, le sentiment d’insécurité et les autres injonctions sociales.
En s’appuyant sur des ressources théoriques issues de la littérature scientifique, le rapport propose une analyse transversale et identifie trois enjeux principaux : (1) l’organisation du temps et la répartition des tâches : le travail du care, (2) la perception de soi comme une construction sociale complexe, et (3) l’insécurité et le harcèlement.
Propositions concrètes pour améliorer les conditions de la mobilité active
Les participantes ont été invitées à proposer des pistes de solutions en vue d’améliorer les conditions de la mobilité active, en limitant les freins qu’elles avaient identifiés ou en renforçant les atouts. Deux axes principaux ont émergé : des propositions concrètes et matérielles, et des propositions davantage socio-culturelles.
A titre d’exemples de propositions concrètes et matérielles : l’aménagement de trottoirs larges et confortables pour les piétons et piétonnes, l’aménagement de parkings vélo sécurisés, la réduction de la présence de la voiture dans l’espace public, la connaissance et le respect du code de la route par les usagers et usagères de la voie publique, l’organisation de déplacements collectifs à pied et à vélo, la végétalisation de l’espace public ou la prise en considération des besoins des piétonnes et des cyclistes dans les projets.
A titre d’exemples de propositions davantage socio-culturelles : l’organisation de cours d’apprentissage et de maîtrise de l’usage du vélo pour adultes, l’organisation d’ateliers de réparation vélo par les femmes et pour les femmes ou encore, la valorisation de l’image de la marche et du vélo auprès du grand public.
Ces propositions sont à mettre en perspective avec les initiatives existantes, approchantes ou déjà testées en Wallonie, dans d’autres régions ou à l’étranger, ainsi qu’avec les stratégies politiques actuelles ou à venir, en lien avec les injonctions de la nouvelle Déclaration Politique Régionale Wallonne 2024-2029. De plus, il apparaît essentiel d’adopter une approche transversale et multiniveaux pour leur mise en œuvre, en concertation avec diverses parties prenantes publiques, privées et associatives potentiellement concernées, impliquées et/ou en charge de mesures.
Vers une approche plus holistique
Le rapport attire aussi l’attention sur le fait que des actions uniquement axées sur la mobilité, qu’il s’agisse d’infrastructures ou de politiques, ne suffiront pas. Une approche plus large est nécessaire, intégrant d’autres domaines, tels que l’aménagement du territoire, la sécurité routière, ainsi que des aspects environnementaux et sociaux. Dans le cadre de cette recherche, il est particulièrement essentiel de réinterroger plus fondamentalement les constructions sociales genrées.
- Lire le rapport complet ici : https://www.iweps.be/publication/vers-une-mobilite-active-et-inclusive-en-wallonie-analyse-qualitative-des-pratiques-et-usages-de-femmes/
- Écouter le podcast dédié à cette recherche ici : https://www.iweps.be/podcast-de-liweps/
Personne de contact pour la presse :
Aurélie Hendrickx, chargée de communication : 0471/17.77.79 ou a.hendrickx@iweps.be
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