Qu’est-ce qu’une variable ?
En prospective, les variables constituent les composantes pertinentes d’un système prospectif. Elles s’assimilent à des facteurs dont les dynamiques peuvent influencer l’évolution du système. Elles sont identifiées sur la base de méthodes de collecte d’information de différentes natures : étude documentaire, veille prospective, consultation d’expert(e)s, réalisation d’ateliers avec les acteurs clés de la problématique analysée… Dans l’analyse, les variables sont généralement distinguées des phénomènes: elles caractérisent un descripteur de la réalité (par exemple : le prix du pétrole) tandis que les phénomènes spécifient une réalité en transformation (par exemple : la hausse du prix du pétrole).
Le travail sur les variables joue plusieurs rôles dans l’analyse prospective (Godet, 2007 : 114-115). Il consiste en l’identification de variables motrices, c’est-à-dire les variables décisives dans les dynamiques de transformation du système. L’identification des variables motrices permet également de cartographier les acteurs clés et leurs enjeux. Le travail descriptif des évolutions possibles de chacune des variables du système constitue, par ailleurs, la base de l’élaboration des scénarios. En outre, tout au long du processus d’analyse prospective, les analystes développent une base prospective composée de fiches-variables caractérisant les facteurs influant sur le fonctionnement du système prospectif.
L’analyse prospective développée dans l’étude [“Quels réseaux énergétiques pour la Wallonie aux horizons 2030 et 2050?”] commanditée par l’IWEPS permet de fournir un exemple de ce type de travail sur les variables. Dans cette étude, le système a été décomposé en 35 variables. Outre la documentation individuelle des variables, un travail de classement de celles-ci a été réalisé. Ce classement a consisté en une distribution des variables dans une représentation du système, un radar prospectif, constituée de trois couches : un cœur qui rassemble les variables constitutives du système spécifique (capacité de stockage de l’énergie, normes techniques…), un contexte incluant les facteurs de changement relevant de problématiques énergétiques plus globales propres à la société wallonne (acceptabilité sociale des infrastructures, niveau d’interconnexion du réseau avec l’étranger,…) et un environnement global qui réunit des variables plus génériques (politique énergétique européenne, structure économique wallonne,…). L’analyse des relations entre ces variables a, ensuite, permis un second classement de celles-ci en termes de motricité et de dépendance, afin de faire évoluer l’analyse vers la construction de scénarios.
Cet exemple illustre l’importance du travail d’identification, de caractérisation et de classement des variables dans l’approche prospective : il permet d’asseoir un référentiel commun aux experts consultés et aux analystes sur lequel, ensuite, bâtir et développer la réflexion sur les futurs possibles.
Bibliographie
Godet, M. (2007). Manuel de Prospective stratégique, Tome 2. L’Art et la méthode. Dunod.
ICEDD, CLIMACT, ULg, IDD, BFP et Wallenborn G. (2018.) Quels réseaux énergétiques pour la Wallonie aux horizons 2030 et 2050 ? Étude prospective réalisée pour l’IWEPS.
URL : https://www.iweps.be/publication/reseaux-energetiques-wallonie-aux-horizons-2030-2050/
Lugan, J-C. (2006). Lexique de systémique et de prospective. Conseil Economique et Social Midi-Pyrénées.
URL : http://www.intelliterwal.net/Glossaire/LUGAN_Jean-Claude_Lexique-Prospective_CESR-Midi-Pyrenees-2006.pdf
Martin, O. (2014). « Variable ». Sociologie [En ligne]. Les 100 mots de la sociologie.
URL : http://journals.openedition.org/sociologie/2367