Projets

Un essai théorique sur les politiques de la petite enfance : Pourquoi et comment orienter les choix de mode de garde ?

Motivations

Les choix de mode de garde des jeunes enfants ont des impacts sociétaux importants. D’une part, ces choix conditionnent l’implication des parents sur le marché du travail. D’autre part, la combinaison des temps passés en crèche et auprès du parent est un déterminant important du développement des compétences cognitives et sociales de l’enfant. Les questions relatives aux inégalités de genre et aux inégalités entre enfants viennent en outre se greffer à ces deux problématiques de base. Malgré ces effets reconnus, il n’y a pas de consensus dans la littérature économique quant aux objectifs poursuivis par les politiques de l’enfance et quant aux formes optimales de l’intervention publique.

Questions de recherche

Cette recherche vise à

  1. conceptualiser les objectifs de l’intervention publique en termes d’offre de travail des parents et de développement de l’enfant ;
  2. analyser, au regard de ces objectifs, les politiques de tarification des crèches et de congé parental.

Les objectifs de l’intervention publique

L’accueil en crèche génère une série d’externalités positives qui se rapportent soit aux parents, soit aux enfants. En effet, la disponibilité de garde formelle permet d’accroître l’offre de travail, sous-optimale en présence de taxes distortionnaires et de résorber les inégalités de genre. Il est également admis que les parents intègrent imparfaitement l’impact sociétal du développement de l’enfant dans leur décisions. Enfin, la garde formelle contribue à égaliser les opportunités entre enfants. Partant de ces constats, nous caractérisons l’équilibre idéal entre l’offre de travail et la garde parentale parmi une population de parents hétérogènes, tant du point de vue de leur productivité au travail que de leurs compétences éducatives.

Les formes de l’intervention publique

En présence d’externalités, le laissez-faire ne permet pas d’atteindre l’optimum social et l’intervention publique est nécessaire. Ces corrections portent, d’un part, sur la redistribution des revenus et, d’autre part, sur une production de qualité éducative accrue et plus équitable entre enfants. Nous étudions, dès lors, les propriétés distributives et incitatives des politiques de l’enfance. Notre modèle microéconomique décrit la réaction des parents aux instruments politiques étudiés, à savoir la tarification des crèches et les congés parentaux. Il identifie ensuite le mix optimal de politiques. Nous montrons qu’un conflit apparaît entre les objectifs distributifs et le bien-être des enfants, qui dépend des choix de mode de garde. Dans une optique d’incitation, les bas salaires doivent être subsidiés et les hauts salaires taxés pour leur utilisation de l’offre de crèche. Intuitivement, cela paraît compatible avec l’objectif distributif. Pourtant, puisque les parents diffèrent les uns des autres aussi au sein d’une même classe de revenu, il est impossible d’inciter chaque parent à opérer les choix socialement optimaux. Par ailleurs, puisque le niveau de revenu modifie les comportements des parents, les efforts de redistribution modifient les incitants. Le modèle conclut toutefois que le coût global supporté par les parents pour l’accueil de leur enfant en crèche, celui qui donne le meilleur équilibre entre incitation et redistribution, est croissant dans le revenu des parents, comme observé dans la réalité.

Origine du projet

Cette recherche a été initiée au LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) dans le cadre du projet CORE CHILDCARE financé par le Fonds National de la Recherche (Luxembourg).

Collaborateur externe

Bertrand Verheyden (LISER).

Publication

M. DELPIERRE et B. VERHEYDEN, Optimal child care policies with heterogenous parents: Should I care or should I work?, 2022.

Coordinateurs du projet

Delpierre Matthieu