Qu’est-ce qu’un signal faible ?
La prospective envisage le futur comme ouvert et pluriel : il ne peut pas être prédit et plusieurs scénarios d’évolution sont envisageables. Cette incertitude implique qu’il n’est pas possible de se baser uniquement sur une prolongation des tendances pour comprendre les évolutions possibles du système analysé. L’analyste doit également être attentif aux informations qui indiquent une amorce de rupture de ces tendances ou l’apparition d’événements pouvant provoquer, à terme, des changements importants sur le système. Ces informations sont appelées signaux faibles.
Les signaux faibles sont donc des “données non structurées, fragmentées et incomplètes” (Ponce del Castillo, 2020). Ils renseignent sur des phénomènes émergents, encore peu perceptibles ou objectivables, mais qui ont le potentiel de produire des changements importants dans la dynamique du système étudié. Il peut s’agir d’événements surprenants qui ne font pas sens compte tenu des tendances actuelles, ou de signes annonçant le renforcement de tendances déjà existantes (Kuosa, 2016).
Par exemple, en Wallonie, par rapport à l’ensemble des ménages, la proportion des ménages de personnes isolées et de couples mariés sans enfants augmente depuis 30 ans sous l’influence, notamment, de la hausse des divorces et du vieillissement de la population (Debuisson, 2022). Dans ce contexte, l’apparition de structures qui promeuvent les habitats intergénérationnels ou partagés, invite à imaginer une inflexion, à plus ou moins long terme, dans la tendance à l’atomisation des ménages. L’interprétation du signal faible nourrit donc la réflexion sur les évolutions possibles du système.
L’analyse des signaux faibles peut se déployer dans le cadre de la veille ou de démarches prospectives complètes. Dans le cadre de la veille, ils font l’objet d’une recherche active, puis d’une analyse pour être ensuite diffusés afin de nourrir la réflexion des destinataires. Dans le cadre des démarches de prospectives complètes, les signaux faibles jouent un rôle dans la réflexion quant aux évolutions possibles du système, par exemple, en documentant des ruptures possibles dans les tendances identifiées.
Bibliographie
Ahlqvist, T. et Uotila, T. (2020). Contextualising weak signals: Towards a relational theory of futures knowledge. Futures 119, 102543.
Cahen, P. (2018) Méthode & pratiques de la prospective par les signaux faibles : détecter, libérer, créer le futur. Éditions Kawa, Bluffy.
Debuisson, M. (2022). Nombre et taille des ménages en Wallonie. URL : https://www.iweps.be/indicateur-statistique/nombre-et-taille-des-menages/.
Kuosa, T. (2016) The evolution of strategic foresight : Navigating public policy making. Routledge.
Ponce del Castillo, A. (2020). Anticiper le changement, rester pertinents?: pourquoi les syndicats devraient faire de la prospective. ETUI. URL : https://www.etui.org/sites/default/files/Guide-prospective_FINAL_April23-WEB.pdf
Pour aller plus loin
Cahen, P. (2011) Signaux faibles mode d’emploi. Déceler les tendances. Anticiper les ruptures. Eyrolles.
URL : https://complements.lavoisier.net/9782212547788_signaux-faibles-mode-d-emploi_Chapitre1.pdf